vigiles pascale 2022 ; frère François-Régis DELCOURT, OP

 

 

Jésus a livré son corps et versé son sang comme son Père lui avait proposé. Il a assumé jusqu’au bout le consentement à la volonté de Dieu. Il s’est exécuté et s’est offert jusqu’à remettre son dernier souffle à son Père, tout en restant uni à lui. Faut-il penser que tout s’arrête là ? Avec les femmes venues au tombeau, faisons l’expérience de ce qui se déroule en ce jour nouveau et disposons-nous à goûter les fruits de sa passion et de sa mort.

Pour ce faire, appréhendons l’état d’esprit dans lequel se trouvent ses femmes quand elles partent de chez elle et se rendent au tombeau. En partant, leur cœur est lourd pensant que le tombeau sera fermé. Il faudra ouvrir cette porte qui pèse trois tonnes. Nous verrons un corps inanimé qu’il faudra embaumer. À part cela, rien ne nous attend. Leurs cœurs sont devenus apathiques, leur entrain a fui, elles n’ont plus d’énergies. En chemin, elles prennent conscience d’éprouver violemment le deuil qui fait suite à la mort de Jésus. Déroutées des événements de ce vendredi noir, elles ont beau les tourner en boucle dans leur esprit et en parler entre elles, elles sont remplies d’incompréhension sur ce qui s’est passé. Elles ne peuvent en comprendre le sens. L’angoisse qui ne cesse de s’immiscer en elles, engendre détresse spirituelle et existentielle. Car une question se répète comme un refrain, dans leur esprit : sans lui, qu’allons-nous devenir ? Sans lui, notre vie ne peut que régresser jusqu’à en devenir plate, désespérante et triste. Nous étions si bien en sa présence : ils comblaient nos esprits, délivraient nos cœurs, guérissaient nos corps. Notre vie avec lui avait une saveur que nous n’avions jamais connue auparavant. Nous avions de si beaux et profonds échanges avec lui et notamment sur la vie éternelle.

En arrivant au tombeau, les faits sont là, l’inimaginable s’offre en spectacle devant elles. Elles deviennent les actrices d’un incroyable évènement. Improbable, elles n’ont pas besoin d’aide pour pousser la pierre du tombeau, il est déjà ouvert. Déconcertant, en entrant dans le tombeau, elles remarquent que le corps de Jésus n’y est plus, le tombeau est vide. Affligeant, deux hommes en vêtement éclaboussant de lumière apparaissent devant les femmes, ils se tiennent debout devant elles. Stupéfiant ces hommes leur parlent. Des paroles sortent de leur bouche : pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? Il est ressuscité. Les femmes se pincent entre elles, leurs yeux et leurs oreilles leur feraient-elles défaut. Elles se croient devenir folles. Non, ceux qu’elles vivent est bien la véritable réalité. Le tombeau est bien ouvert, il est vide. Elles voient bien ces deux hommes qui leur parlent et leur disent : Jésus est ressuscité, il s’est levé, il est vivant. Si le corps de Jésus n’est plus dans le tombeau, telle est sa libération comme conséquence de sa mort. Pourquoi chercher le vivant parmi les morts puisque le mort est maintenant vivant.

Mais alors, tout n’est pas fini. Bien au contraire, tout recommence. En ce troisième jour, l’inenvisageable  émerge comme un jour nouveau qui s’élève. L’aurore se lève et disperse petit à petit les ténèbres afin de laisser briller, dans le ciel et sur la terre, la lumière étincelante et éternelle du Christ ressuscité. Oui, Jésus a triomphé de la mort et il est vivant. Le Père n’a pas tout créé et gouverné pour rien. Sa confiance en son Fils prend toute sa légitimité, son ampleur et sa splendeur. Goûtons à la fécondité de tout ce que le Christ a enduré. Son Père, reconnaissant la victoire de son Fils, l’a délivré de son tombeau et de la mort. Venons à lui, la porte s’est ouverte, laissant au Christ la liberté de se tenir debout et de fuir cet endroit, le laissant vide. Oui, le Christ s’est levé, il est ressuscité, il est vivant.

Samedi 16 Avril 2022

Vigile Pascale

Frère François-Régis DELCOURT

Rom.6, 3b-11 ; Mt. 28, 1-10