messe du Jour de Pâques ; frère François-Régis DELCOURT, OP

 

 

Nous n’avons pas fini de goûter aux effets de la résurrection. D’ailleurs, nous sommes bien loin d’en savourer tous les bienfaits tant ils ouvrent à une infini de grâces éternelles. Lors de la vigile pascale, nous avons suivi les femmes qui ont, en premier, découvert au point du jour la magnifique surprise qui les attendait. Marie-Madeleine se précipite, en toute hâte, auprès de Pierre et le disciple, celui que Jésus aimait, en vue de les prévenir de l’évènement qui chamboule l’univers et le renouvelle. Elle en profite pour les avertir de ce qu’elle pressent : le Seigneur a été enlevé sans savoir où il a été déposé. Leur sang ne fait qu’un tour dans leurs veines. Sans se poser de question, ils déverrouillent les serrures de la porte, sortent de leur torpeur et accourent pour constater les faits.

En arrivant sur les lieux, stupeur, leurs yeux écarquillées voient. Le tombeau est bien ouvert, Pierre, le premier, franchit le seuil et y entre. Il constate de lui-même. Le tombeau est vide. Le corps de Jésus a bien été enlevé et on ne sait où il a été déposé. Mais un petit détail, qui n’a l’air de rien mais qui a toute son importance, n’échappe pas à sa sensibilité et sa perspicacité. Il aperçoit les linges posés à plat et le suaire roulé à part, celui-là même qui avait entouré la tête de Jésus, tous les deux soigneusement pliés. Interprétons cette délicate attention comme signe de l’offrande de sa vie qui continue en ce jour et révèle sa profonde intention de prendre soin de nos âmes. Comme lui avait demandé son Père, Jésus ne veut perdre aucun de ceux qui lui a été confié. Il s’agit de Pierre, de Marie-Madeleine. Dans la figure du disciple, celui que Jésus aimait, c’est chacun de nous comme enfant unique et singulier de Dieu, notre Père, qui est concerné.

À la suite de Pierre, et comme le disciple, celui que Jésus aimait, entrons à notre tour dans le tombeau ouvert. Ouvrons à notre tour, notre corps, notre cœur et notre esprit. En toute transparence, en fonction de ce qui est enfoui en nous comme angoisses, détresses, névroses et de ce qui nous est supportable de révéler à notre conscience, déposons tout cela dans ce tombeau qui est maintenant vide. N’ayons pas peur à notre tour de vider notre cœur et de remplir ce tombeau. Puisque que le corps de Jésus n’y est plus, il sera toujours vide et il le restera d’autant plus si nous y déposons tout ce qui travaille notre intimité. La raison en est simple. Le Christ a pris avec lui toutes les causes de nos souffrances et de nos violences intérieures en livrant son corps et en versant son sang. Puisqu’il les a portées, elles étaient inscrites en son corps. Et en déposant son corps dans ce tombeau, il les a aussi déposées.

Or, aujourd’hui, ce tombeau est vide, vide de toutes traces de sa mort à part un élément, ces linges pliés et déposés délicatement au sol. Ce dernier est la preuve qu’il a pris soin de chacun de nous comme aucun des enfants de Dieu ne peut prendre soin de nous. Puisque le tombeau est vide, il s’est levé, il est ressuscité, il est vivant. Et il nous entraine à sa suite. Il nous élève, il nous ressuscite, et nous sommes vivants comme lui. Il est délivré et libéré. Et il nous délivre et nous libère. Tout ceci donne du contenu à nos existences. Avec Jésus,  fils de Dieu, nous devenons fils adoptifs du Père. Avec Jésus, héritier de son Père, nous devenons aussi héritiers du Royaume des Cieux. Il n’est plus mort, il est ressuscité, il est vivant. Cela veut signifier qu’il est vainqueur.

Dimanche 17 avril 2022

Pâques – Messe du jour

Frère François-Régis DELCOURT

Act. 10, 34a. 37-43 ; Col. 3, 1-4 ; Jn. 20, 1-9