Homélie du 19 août 2020, frère Eric de Clermont-Tonnerre, OP

 

On parle de messe du Saint Esprit. Toute messe est du Saint Esprit, c’est même pour ou dans son souffle que nous célébrons par le Christ, avec Lui et en Lui, ce mystère eucharistique étonnant.

L’Esprit Saint est mentionné de nombreux fois au cours de la messe, mais, vous le savez, il est invoqué tout spécialement deux fois au cours de la prière eucharistique.. Ces deux invocations de l’Esprit sont appelées des deux épiclèses.

La première demande à l’Esprit Saint de réaliser la présence du Christ, la présence réelle du Christ dans son corps et dans son sang : Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit, qu’elles deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus le Christ notre Seigneur.

La seconde demande à l’Esprit de nous rassembler en un seul corps, ce qui s’accomplit quelques minutes plus tard lorsque nous recevons et communions au corps et au sang du Christ : Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps.

Tout est là, pour ce qui concerne l’Eucharistie dans cette double invocation de l’Esprit. Il rend présent le Christ, il rend présente  la communauté chrétienne, l’Eglise.

On parle de présence réelle dans les espèces du pain et du vin. On oublie de penser, de croire en notre présence réelle dans à ce mystère. Nous sommes invités à répondre « présents ! », « présentes ! » et à ensemble nous unir au Christ ressuscité pour le salut du monde.

Aujourd’hui, mes sœurs, nous invoquons l’Esprit pour que le Christ soit réellement présent à l’occasion de l’élection de votre prieure, mais aussi pour que chacune d’entre vous et ensemble vous disiez avec fermeté « Présente ! ».

Et il y a là dans ce mystère de la présence réelle du Christ parmi nous et dans la mesure où nous-mêmes, chrétiens, nous sommes aussi réellement présents à ce que nous devons être et faire, il y a là, en puissance dans le Christ, le salut du monde.

L’Eucharistie fait chaque jour de votre communauté et une véritable « ecclésia » et une sainte prédication.

Toutefois pour vivre cela en toute vérité et pour que cela soit fécond, il faut reconnaître notre petitesse. Et peut-être est-ce la douleur mais aussi la grâce de notre époque, c’est que nous nous montrons pauvres et fragiles, petit, petites, toutes petites.

Heureux-sommes-nous d’être petits et fragiles. Ainsi pourrons-nous mieux être évangéliques, frères et sœurs de tous y compris et d’abord des plus petits, dans ce monde difficile.

L’Evangile nous rappelle que la fécondité de notre vie et de notre mission ne s’accomplit pas sur des constructions solides, des monuments glorieux mais sur les fragilités et les échecs de la vie.

C’est pourquoi à la messe, nous commençons par reconnaître notre pauvreté au Seigneur,  venu pour nous guérir et sauver les hommes, venu nous appeler à la vie.

Nous n’avons pas beaucoup de moyens. Combien ? Seulement cinq pains et deux poissons. Cinq sœurs valides et deux sœurs malades.

Et le Seigneur de nous dire : Avec cela, je peux multiplier les pains.

Malgré cette pauvreté, l’assemblée eucharistique chante la gloire de Dieu. Car la pauvreté et la fragilité n’a jamais empêché de chanter.

Nos communautés sont à l’écoute de la Parole de Dieu, nous sommes rassemblées autour de la Parole parce que Dieu nous rappelle que Dieu a choisi un bègue, Moïse pour sauver son Peuple, un froussard,  Jonas pour aller évangéliser les païens, un orgueilleux, Paul pour témoigner que seul compte le Christ.

La Bible nous raconte cela. Dieu sauve, emmène et conduit tout un ramassis de gens.

Notre vie communautaire est toujours d’une certaine manière la cour des miracles, la grâce des éclopés.

Aujourd’hui, rappelez-vous, chères sœurs que c’est ce mystère eucharistique qui nous rassemble et que nous célébrons et pour lequel vous avez donné votre vie.

L’obéissance,

écoute de Dieu et des autres,

cette écoute est une manière de donner sa vie.

La communion réelle,

faire un avec les autres en restant soi-même et en s’oubliant.

Faire corps

sans vouloir prendre pour soi,

se faire soi-même pain, contribuer à la nourriture

et vin, contribuer à la joie

sans se mettre en avant.

 

Mercredi 19 août 2020

20ème semaine per annum

Frère Éric de CLERMONT-TONNERRE

Messe du Saint-Esprit

Rm. 8, 8-17 ; Jn. 15, 26. 16,15