homélie du frère Eric de Clermont-Tonnerre, OP, pour la saint Barthélémy

Barthélemy est l’un des douze apôtres choisis par le Christ pour continuer sa mission et porter la Bonne Nouvelle vers toutes les nations. On l’identifie habituellement avec Nathanaël, dont le début de l’Évangile selon saint Jean donne un portrait fort vivant. À cet homme de Cana en Galilée, Philippe vient annoncer : « Celui de qui il est écrit dans la Loi et les Prophètes, nous l’avons trouvé. C’est Jésus, le fils de Joseph de Nazareth. »

 

Apoc. 21, 9-14 ; Jn. 1, 45-51

Chaque vocation est différente. Vous en savez quelque chose, vous mes sœurs : quelle diversité des origines, des histoires saintes, des appels, des témoins et des communautés rencontrées. Dans le premier chapitre de son Evangile, Jean nous raconte comment les premiers disciples ont rencontré et suivi Jésus, chacun à sa manière.

Les deux premiers, André notamment, ont accordé foi  aux paroles de Jean-Baptiste, leur 1er maître : Voici l’Agneau de Dieu.

Simon-Pierre a été conduit à Jésus par son frère.

Quant à Philippe ayant rencontré Jésus, il répond sans broncher à son appel : Toi, suis-moi !

Mais voilà que cette toute première chaîne de vocations semble s’interrompre par cette question de Nathanaël : De Nazareth, que peut-il sortir de bon ?

Le témoignage de Philippe se heurte aux préjugés de Nathanaël.

Toutefois Nathanaël accepte de venir juger sur pièce : Viens et vois, lui dit Nathanaël.

Il vient, il voit…et il entend.

Il entend Jésus lui parler d’homme à homme. Il entend Jésus dire du bien de lui, de sa recherche de Dieu : Tu es un véritable fils d’Israël, tu ne sais pas mentir, il n’y a pas de fraude en toi.

Jésus admire la franchise de Nathanaël, sa liberté ;  il respecte ses doutes et ses questions.

Tu crois savoir, tu crois me connaître parce que tu sais d’où je viens (ou parce que tu connais mon histoire !)…

Moi, Jésus, je te connais vraiment. Puisque tu es un chercheur de Dieu dans son histoire avec les hommes consignée dans les Ecritures, tu verras plus encore : la réconciliation de la terre du ciel et de la terre, l’alliance nouvelle entre Dieu et l’humanité.

Devant l’évocation de l’échelle de Jacob par ces mots : le ciel ouvert et les anges montant et descendant au-dessus du Fils de l’homme, le jeune chercheur de Dieu, connaisseur des Ecritures  sait qu’au matin, en se réveillant, Jacob s’écrie : En vérité Dieu était en ce lieu et je ne le savais pas !

La marche à la suite de Jésus est un chemin de vérité et d’exigence, un chemin de liberté.

Il faut y aller, fréquenter, écouter, regarder, réfléchir.

Cette  découverte du Christ qui nous renseigne et enseigne sur Dieu est sur l’homme, doit nous conduire à lâcher nos préjugés (et il y a les préjugés de jeunesse et les préjugés de vieillesse).

Dans l’Eglise, aujourd’hui plus encore peut-être qu’hier, il est important de refuser le prêt-à-penser, de repousser les simplifications,  les généralisations, nous sommes invités à penser par nous-mêmes, à réfléchir vraiment en dialogue les uns avec les autres.

Dans nos communautés, il y a des André et Pierre, des Jacques et des Jean, des Philippe et des Nathanaël, des Marie et des Marthe et des Marie-Madeleine. Réjouissons-nous.

La communauté apostolique n’est pas uniforme : elle rayonne parce qu’elle est habitée par des personnalités diverses, fragiles ou fortes, fortes et fragiles à la fois, qui sont invitées à vivre ensemble et à faire chemin ensemble.

La communauté voulue par saint Dominique est une communauté de l’écoute, une communauté à l’écoute :

  • A l’écoute de Dieu,
  • A l’écoute du monde.

Elle doit être une communauté de l’écoute parce qu’elle a pour mission d’être une communauté de la parole, où chacune, chacun offre sa vie à la Parole de Dieu :

  • Accueillie
  • Célébrée,
  • Etudiée
  • Vécue
  • Et prêchée

Aujourd’hui, mes sœurs, que l’élection  de votre prieure, soit l’occasion  pour chacun d’entre vous et pour votre communauté de vous offrir à nouveau simplement mais réellement au service de la Parole

– contemporaine de notre monde,

– contemporaine de l’Evangile, des apôtres.